Ton parent

Il peut arriver que ton parent ait besoin d’être hospitalisé (même s’il ne le veut pas), dans des moments où il doit recevoir davantage de soutien. Être hospitalisé lui permettra d’obtenir l’aide dont il a besoin pour se sentir mieux, rester en sécurité et/ou ne pas mettre les autres en danger.

C’est toujours un moment difficile, surtout quand tu ne comprends pas ce qui se passe. Cela peut aussi faire peur à ton parent. En même temps, cela peut être un moment de soulagement, car l’hospitalisation lui offrira les soins appropriés et tu te sentiras moins seul.e face à la situation.

Tu peux demander à accompagner ton parent dans la démarche ou l’aider à recevoir de l’information. Si ton parent accepte que tu l’accompagnes, tu pourras en profiter pour poser des questions afin de mieux comprendre la trajectoire de soins qui lui sont offerts. Tu peux aussi t’informer auprès des professionnel·le·s de tes droits et de ceux de ton parent. Mais, sache que ton parent reste la personne responsable de prendre les décisions qui le concernent. Tu as donc le droit de ne pas t’impliquer dans sa démarche.

Qu’est-ce qui se passe lors d’une hospitalisation?

S’il est apte à le faire, ton parent acceptera ou refusera de façon libre et éclairée les soins.

Ton parent a en effet le droit d’accepter ou de refuser des soins qui lui seront proposés (ex. : examen, traitement médical, hospitalisation) et la·le médecin qui souhaite le soigner doit respecter sa volonté. Pour recevoir les soins, ton parent devra donc d’abord donner son consentement de façon libre et éclairée après avoir reçu toutes les informations nécessaires pour le faire (lis ici notre bande dessinée pour en savoir plus sur le consentement aux soins).

Mais, si ton parent n’est pas apte à fournir une décision et qu’il refuse les soins, la·le médecin peut faire une demande à la Cour supérieure pour obtenir l’autorisation de la soigner malgré son refus. La·le médecin doit alors montrer que ton parent est inapte à consentir à des soins et démontrer que les avantages du traitement proposé sont plus grands que les désavantages. Il n’est toutefois pas nécessaire d’avoir une autorisation du tribunal pour administrer des soins d’urgence ou d’hygiène qu’un·e patient·e inapte refuse. Dans le cas d’inaptitude reconnue et si tu as plus de 18 ans, tu pourrais être désigné·e comme la personne adulte autorisée à consentir à la place de ton parent.

La santé mentale de ton parent sera évaluée pour identifier des moyens qui pourraient l’aider.

Une équipe de professionnel·le·s et d’intervenant·e·s en santé mentale (comme des infirmier·ière·s, des travailleur·euse·s social·e·aux, des psychiatres, des psychologues, des psychoéducateur·trice·s, etc.) verra ton parent et fera une évaluation de sa santé mentale. L’équipe pourra ainsi identifier, avec ton parent, ce qui sera le plus en mesure de l’aider. Cela peut inclure la prise de médication, une psychothérapie, l’apprentissage de stratégies pour gérer le stress et une variété d’autres traitements ou interventions.

La démarche de soins et de services sera confidentielle.

Toutes les informations personnelles que ton parent confie à un·e professionnel·le ou à un·e employé·e d’un établissement du réseau de la santé et des services sociaux ou d’un organisme communautaire, les renseignements concernant son état de santé ainsi que les notes contenues dans son dossier sont confidentiels. En fait, les personnes membres d’un ordre professionnel (médecin, travailleur·euse social·e, infirmier·ière, etc.) sont tenues au secret professionnel. Le·la professionnel·le ne pourra te fournir l’information demandée que si ton parent l’autorise, est inapte à consentir aux soins ou est en situation de danger immédiat. Dans les cas contraires, le·la professionnel·le pourra te transmettre seulement de l’information générale sur le problème et/ ou te référer vers une ressource de soutien.

 Le temps que ton parent passe à l’hôpital variera en fonction de ses besoins.

Quand il se sentira mieux et qu’il sera en mesure de fonctionner comme avant, il pourra rentrer chez lui. Parfois, il aura besoin d’un suivi à domicile, c’est-à-dire qu’il pourra recevoir du soutien une fois rentré chez lui.

  • Si tu habites avec ton parent, tu pourrais parfois avoir besoin ou envie de rester chez quelqu’un comme un oncle, une tante, un·e ami·e ou une famille d’accueil jusqu’à ce que ton parent soit à nouveau en mesure de fonctionner efficacement.
  • Si tu n’habites pas avec ton parent, sache que lorsque ton parent quitte un établissement, tu n’as aucune obligation légale de l’héberger, malgré les pressions qui peuvent être exercées par l’établissement ou par ton parent.

QUELQUES RESSOURCES

> Dossier « Droit et santé mentale: ce qu’il faut savoir » d’Éducaloi à educaloi.qc.ca

Tu y trouveras de l’information concrète et de courtes capsules vulgarisées sur différents sujets portant sur les droits de la personne.

> Guide pratique sur les droits en santé mentale au Québec du ministère de la Santé et des Services sociaux.

Ce guide vise à offrir de l’information juridique et pratique aux proches de personnes atteintes d’un trouble mental. Tu y trouveras de l’information sur les droits des personnes atteintes d’un trouble mental ou des réponses à tes questions en la matière (consentement, secret professionnel, accès au dossier médical, régime de protection, etc.).

Retiens ceci

Tu peux poser tes questions concernant la trajectoire de soins de ton parent ou exprimer tes préoccupations aux professionnel·le·s impliqué·e·s dans son suivi médical. Mais, tu n’as aucune obligation de le faire. Tu as le droit de ne pas t’impliquer dans la démarche de ton parent ou bien de prendre du recul pendant un certain temps pour prendre soin de toi.

HISTOIRE DE GUILLAUME

Guillaume, adulte et père de famille, témoigne de son expérience liée à l’hospitalisation de sa mère et des impacts sur sa vie : « Les pires souvenirs que j’ai de la maladie mentale de ma mère étaient les quelques jours précédant son hospitalisation. Ces moments où elle était complètement dysfonctionnelle, souvent à la limite d’être un danger pour elle et les autres, moments durant lesquels je devais la convaincre d’aller à l’hôpital. À plusieurs reprises, j’ai dû appeler les ambulanciers parce qu’elle était en crise, puis les voir quitter la maison sans ma mère puisqu’elle refusait d’aller à l’hôpital. Alors, lorsqu’elle était hospitalisée, j’ai toujours éprouvé un immense soulagement puisque je savais qu’elle était en sécurité et qu’elle était prise en charge par des spécialistes de la santé. Bien sûr que d’être gardé quelques semaines chez des amis, par mes grands-parents ou par des amis de la famille n’était pas si facile, mais c’était un moindre mal comparativement à la période où je devais vivre avec une mère désorganisée. De la même façon, lorsqu’elle sortait de l’hôpital et m’en voulait de l’avoir fait hospitaliser, je savais que quelques semaines plus tard, elle comprendrait que c’était pour son bien.»

Lis aussi le témoignage de Guillaume sur les défis liés à la médication de sa mère.