Devenir adulte

Savais-tu que les transitions, comme l’arrivée au secondaire, au Cégep, à l’université, ou plus largement comme la période de transition vers l’âge adulte, représentent des périodes pleines de défis ? En t’approchant progressivement de l’âge adulte, tu vas prendre davantage d’autonomie, peut-être t’investir dans une relation amoureuse, apprendre à gérer tes finances. Tu vas également devoir faire des choix concernant tes études ou le travail et tes relations. Tu devras peut-être aussi apprendre à concilier travail-études-vie sociale et familiale.

Tous ces défis pourraient te faire vivre du stress, de l’anxiété ou du découragement. Selon l’Enquête sur la Santé dans les collectivités canadiennes (2012), les jeunes adultes canadien·ne·s sont proportionnellement plus nombreux·ses que les autres groupes d’âge à présenter un niveau élevé de détresse psychologique. Dans ces périodes de transitions, il est donc particulièrement important de prendre soin de toi.

PAS QUE DES DÉFIS!

La période de la transition vers l’âge adulte est aussi une période d’opportunités. Le fait de pouvoir devenir plus indépendant·e, d’avoir la possibilité de faire tes propres choix, de rencontrer de nouvelles personnes qui te correspondent, peut aussi entrainer un certain enthousiasme et optimisme vis-à-vis de l’avenir. Un certain nombre de jeunes disent ainsi que leur vie a pris un tournant plus positif, une fois leur adolescence terminée.

Si l’âge adulte peut parfois être représenté comme une période « plate et sérieuse », il est aussi important de te souvenir qu’être adulte, ce n’est pas devoir renoncer à son âme d’enfant. C’est plutôt trouver une façon de mettre ton énergie, tes expériences et tes rêves de jeunesse au service de la construction d’une vie qui te convient.

Quand ton parent a un trouble mental

Pour les jeunes ayant un parent atteint d’un trouble mental, les défis propres à cette période de la vie peuvent parfois sembler plus importants. Des jeunes témoignent ainsi du fait que :

  • La prise d’autonomie peut être « précipitée » (par exemple, par la gestion de nombreuses responsabilités ne correspondant pas à celles d’un·e jeune de son âge) ou « limitée » (notamment par la crainte de s’éloigner de son parent).
  • La construction identitaire, centrale à cette période, peut être complexifiée en raison de la multitude des rôles que ces jeunes peuvent jouer au sein de leur famille (ex. : se sentir parfois le « parent de son parent »), de la peur de « devenir comme son parent » et de l’absence de modèles adultes positifs auxquels s’identifier.
  • Le développement d’une relation amoureuse satisfaisante peut s’avérer plus compliqué du fait de la difficulté à faire confiance à autrui, d’une estime de soi plus fragile et d’habiletés sociales parfois moins développées.
  • La conciliation études-travail-famille peut être difficile en raison du temps, de l’argent et de l’énergie que ces jeunes peuvent offrir à leurs parents.

Le genre, l’origine ethnoculturelle, le statut socioéconomique, comme d’autres caractéristiques, peuvent teinter les défis que ces jeunes auront à relever au cours de cette période. Des études rapportent ainsi que les jeunes femmes ayant un parent atteint d’un trouble mental pourraient avoir plus de difficultés à prendre leur autonomie, en raison du rôle de soutien qu’elles sont davantage amenées à jouer auprès de leur famille. Certain·e·s jeunes issu·e·s de l’immigration pourraient également être confronté·e·s à des valeurs familiales qui valorisent l’aide apportée au parent et à la famille et qui peuvent limiter leurs expériences d’exploration. Le fait d’être issu·e d’une famille monoparentale ou à faibles revenus pourrait par ailleurs amener la·le jeune à prendre davantage de responsabilités (notamment financières) pour soutenir son parent.

La transition vers l’âge adulte se situe habituellement entre 18 et 25 ans. Mais, elle peut débuter vers 16 ans et se terminer après 30 ans.

« Devenir adulte quand on a un parent atteint d’un trouble mental, ça peut amener à se sentir petit et peu en confiance en raison de l’absence de modèles adultes positifs. Peut-être que nos modèles avaient eux-mêmes de la difficulté à s’accrocher à la vie en raison de leur difficulté. Alors, on ne se sent pas équipé pour faire face à ce monde vaste et s’imaginons encore petit. »

Victoria, 24 ans

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AUSSI, UNE PÉRIODE DE RÉSILIENCE

Comme pour les jeunes en général, la période de transition vers l’âge adulte peut aussi être une période de résilience pour ceux·celles qui ont un parent atteint d’un trouble mental. Le développement de nouveaux liens sociaux et intimes, la prise d’indépendance d’un milieu familial parfois lourd à gérer, l’engagement dans des études postsecondaires ou un emploi stimulant ou la poursuite de projets motivants favoriseraient ces trajectoires de résilience (consulte ici des trucs plus généraux permettant de favoriser une bonne santé mentale).

Plusieurs jeunes témoignent enfin du fait que la maturité, l’empathie, le sens des responsabilités et les habiletés pratiques (ex. : gestion de budget, cuisine) qu’ils·elles ont dû développer du fait de leur contexte familial leur ont été bénéfiques au moment de devenir adulte et les ont rendu·e·s fier·ère·s de ce qu’ils·elles sont devenu·e·s.

HISTOIRE DE GUILLAUME

Guillaume, 39 ans et fils d’une mère ayant un trouble bipolaire, témoigne du bienfait d’avoir trouvé un objectif à l’école, malgré les nombreux défis rencontrés durant son adolescence et au début de l’âge adulte : « Les troubles mentaux de ma mère ont contribué à la séparation de mes parents lors de mon entrée au secondaire. De ce fait, j’ai eu beaucoup de troubles de comportement à mon arrivée et durant tout mon secondaire (on m’a suspendu à deux reprises de l’école dont une fois pour toute la dernière étape) en plus d’avoir un manque d’intérêt dans mes études et des problèmes d’assiduité à mes cours. J’ai donc dû terminer mon secondaire à l’école des adultes (eux aussi m’ont suspendu un an de l’école pour manque d’assiduité et d’intérêt). Bref, même si j’avais l’impression que tout cela ne m’affectait pas à ce moment-là, avec le recul, je comprends que je devais être perturbé par ce que je vivais chez moi. Par la suite, en trouvant un objectif ou un but à l’école, j’ai complèté : un DEC, un bac, une maitrise et pratiquement une deuxième maitrise. Donc, visiblement mes difficultés au secondaire n’étaient pas liées à un manque d’aptitude.»

La période de la transition à la vie adulte est une étape importante. Alors, tente du mieux que tu peux de t’entourer de toutes les ressources qui te semblent pertinentes pour t’aider à bien te préparer à cette transition. Ceci inclut aussi des personnes qui peuvent te soutenir dans les possibles changements que tu vivras sur les différents plans de la vie (autonomie, orientation scolaire ou professionnelle, relations intimes, etc.) et les décisions que tu seras amené·e à prendre pour ton avenir. Identifie ces personnes grâce à notre outil  >>Ton cercle de soutien<< .

JE ME SENS REVIVRE

« Devenir adulte quand on a un parent atteint d’un trouble mental, c’est d’être confronté à l’instabilité de son parent. La façon de vivre de ma mère et son instabilité font qu'aujourd’hui j’ai de la difficulté à affronter certains problèmes et encore, à prendre certaines décisions. Mais malgré ça, j’ai la possibilité de créer mes propres racines pour apprendre à m’épanouir et fleurir grâce à mes propres succès! »

Joany, 24 ans

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Découvre l’exposition photos réalisée en 2019 avec neuf jeunes de 18 à 25 ans ayant un parent atteint d’un trouble mental qui souhaitaient témoigner des défis qu’ils·elles rencontrent au moment de leur transition vers l’âge adulte, mais aussi de ce qui les aide à affronter ces défis.

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