Quels sont les troubles mentaux les plus fréquents?

Voici une description des principaux troubles mentaux observés dans la population. Au-delà de ces descriptions générales, il est important de savoir que la façon dont un trouble mental se manifeste peut varier d’une personne à l’autre, car chaque personne est différente. Par exemple, une personne qui vit un trouble dépressif pourrait perdre l’appétit ou, à l’inverse, avoir le goût de manger tout le temps. Elle pourrait, de même, avoir des difficultés à dormir ou, au contraire, dormir plus que d’habitude. Une personne peut aussi présenter plusieurs troubles en même temps (ex. : un trouble dépressif et un trouble anxieux) ou au cours de sa vie (ex. : un trouble anxieux, puis un trouble dépressif). Il est également relativement fréquent qu’une personne ayant un trouble mental présente des problèmes de consommation de substances (ex. : consommation abusive d’alcool ou de drogues) ou qu’une personne qui a un problème de consommation de substances ait un trouble mental.

Trouble dépressif

Être en dépression c’est différent de se sentir triste de temps à autre. Les personnes qui vivent un trouble dépressif se sentent souvent désespérées, fatiguées ou épuisées pendant de longues périodes de temps. Elles ont souvent peu d’énergie pour faire ce qu’elles ont à faire – parfois même pour sortir de leur lit ou manger. Elles peuvent dormir toute la journée et ne plus avoir d’intérêt pour les choses qu’elles aimaient auparavant. Elles peuvent aussi se sentir stressées, irritables ou pleurer sans raison évidente. Les mères peuvent parfois se sentir déprimées après avoir eu un enfant (c’est ce que l’on appelle une « dépression du postpartum ») et peuvent alors avoir de la difficulté à prendre soin de leur bébé et de leurs autres enfants.

Trouble bipolaire

Les personnes qui ont un trouble bipolaire présentent généralement des humeurs extrêmes. Elles peuvent à certains moments se sentir très tristes et sans énergie et, à d’autres moments, être très énergiques, surexcitées et incapables de se calmer. Dans ces moments-là, elles peuvent avoir de la difficulté à dormir, faire des achats très dispendieux, cuisiner, nettoyer de façon intense ou parler sans arrêt, par exemple. Elles peuvent aussi se sentir anxieuses et avoir de la difficulté à se concentrer.

QUELQUES FAUSSES CROYANCES
> Les personnes qui vivent une dépression manquent de volonté.
> Les personnes qui ont un trouble anxieux sont faibles.
> Les personnes avec un trouble bipolaire sont difficiles à gérer.
> Les personnes qui ont un trouble psychotique ont des personnalités multiples.

« Mon père est plutôt cool mais quand il est déprimé il trouve ça difficile de faire quoi que ce soit. Il ne parle plus beaucoup et n’a plus vraiment d’énergie. C’est comme s’il n’était pas vraiment là quand c’est comme ça. »

Ben, 13 ans

« Quand ma mère ne prend pas sa médication correctement, elle a des hauts et des bas. Elle peut aller dans des phases vraiment high et être très « dramatique » ou bien être déprimée et fatiguée. Puis c’est difficile d’essayer de parler avec elle et c’est vraiment mélangeant, parce qu’un jour elle va bien et le lendemain elle fait une crise de nerfs. »

James, 14 ans

Troubles anxieux

Les personnes qui ont un trouble anxieux ressentent des inquiétudes et des peurs plus intenses et plus fréquentes que les personnes sans ce trouble. Elles peuvent s’inquiéter continuellement pour des choses qui paraissent sans importance pour d’autres. L’anxiété ressentie ne disparait pas, même lorsque la situation inquiétante revient à la normale, causant ainsi une détresse importante chez les personnes atteintes. Lorsque les peurs deviennent excessives, persistantes et envahissantes, les personnes ont tendance à éviter les situations qui pourraient les confronter à leurs peurs, et avoir ainsi de la difficulté à faire les choses normales de la vie quotidienne (ex. : éviter de manger en public par peur de laisser échapper un aliment et d’être ridicule dans le cas d’une phobie sociale; éviter de sortir dans la rue pour éviter de croiser un chien lorsque la personne a une phobie spécifique).

Troubles psychotiques

Les personnes qui ont un trouble psychotique ont de la difficulté à penser clairement et à percevoir la réalité. Quand une personne perd contact avec la réalité, elle peut voir ou entendre des choses qui ne sont pas vraiment présentes (hallucinations) ou avoir des idées qui ne sont pas partagées par d’autres personnes (délires). Par exemple, elle peut croire que quelqu’un essaie de la blesser ou d’attaquer une personne de son entourage. Cela peut être vraiment effrayant pour les personnes atteintes comme pour leurs proches, surtout s’ils ne savent pas qu’il s’agit d’un trouble mental. La schizophrénie est une des principales formes de troubles psychotiques. Les personnes atteintes ont de la difficulté à fonctionner au quotidien, en raison du fait que leurs pensées, leurs émotions et leurs comportements sont affectés par une perte de contact avec la réalité.

« Ma mère a toujours eu peur qu’il arrive une catastrophe : que mon père ait un accident, qu’on ait des mauvais résultats à l’école ou qu’on attrape une maladie. Elle essaie de ne pas nous le montrer quand elle a peur mais ça se sent. Elle est un peu toujours sur la défensive, vérifie souvent que mon père est correct en l’appelant au travail et nous met full de pression pour qu’on ait les meilleures notes possibles. Même quand on obtient des A+, elle continue à s’inquiéter. C’est un peu décourageant parfois. »

Audrey, 17 ans

« Mon père entendait des voix, ne se lavait pas, ne sortait pas, et parlait parfois tout seul. Il ne travaillait plus et dormait presque toujours dans la journée, mais restait éveillé la nuit pendant ses délires. Il croyait être surveillé et écouté par des « agents ». Ça été dur. Il s’est fait hospitaliser et j’ai dû aller habiter chez ma mère. » 

Alexis, 17 ans

Trouble obsessionnel-compulsif

Les personnes qui ont un trouble obsessionnel-compulsif se sentent très fréquemment envahies par des pensées incontrôlées et répétitives qui deviennent des obsessions (ex. : peur d’avoir oublié de fermer la porte, peur d’attraper des maladies). Même si les personnes atteintes savent le plus souvent que ces obsessions sont exagérées, elles sont incapables de ne pas y penser. Elles sentent ensuite le besoin de répéter des actions pour chasser l’obsession de leur esprit.
Ces actions sont nommées des compulsions. Elles peuvent parfois avoir un lien clair avec le thème des obsessions (ex. : vérifier à répétition que la porte est bien fermée, se laver plusieurs fois les mains lorsque la personne présente des obsessions de contamination) et parfois non (ex. : ouvrir et fermer la lumière sept fois de suite dès que la personne craint que ses proches aient un cancer). Ces personnes pensent souvent qu’une chose horrible pourrait arriver si elles ne font pas leurs rituels (ex. : que leurs proches développent réellement un cancer). Elles vivent donc énormément de détresse psychologique due à leurs obsessions et leurs compulsions qui leur font perdre du temps chaque jour et, qui peuvent nuire à leurs activités quotidiennes. 

Trouble de stress post-traumatique

Les personnes qui présentent un trouble de stress post-traumatique se sentent souvent fatiguées, apeurées ou paniquées ou réagissent à des choses qui peuvent paraître anodines pour d’autres. Ce trouble peut se développer chez des personnes qui ont vécu un évènement traumatisant (ex. : un accident de la route, une catastrophe naturelle, une agression physique ou sexuelle). Le traumatisme vécu dans ces situations revient souvent à la mémoire via des flash-backs et des cauchemars. Ces symptômes affectent significativement la vie quotidienne des personnes concernées. 

« On arrive parfois vraiment en retard à l’école parce que ma mère doit vérifier plusieurs fois que le four est bien éteint et qu’il n’y a pas de problème avec les prises électriques avant de pouvoir sortir. Elle est vraiment stressée et sort de moins en moins, sauf quand elle est obligée. » 

Jennifer, 13 ans

« Mon père n’est pas vraiment lui-même depuis qu’il a eu son accident d’auto il y a six mois. Il est toujours nerveux, comme s’il avait peur que quelque chose arrive. Il chiale beaucoup parce qu’il dort mal et il n’a jamais envie de sortir. Mais ma psy me dit que ce n’est pas sa faute... » 

Alex, 15 ans

Troubles alimentaires

Les personnes qui ont un trouble alimentaire sont souvent envahies par des pensées en lien avec la nourriture et leur poids ou leur image corporelle. Cela va bien au-delà de la simple « diète ». Elles peuvent délibérément choisir de limiter leur consommation de nourriture (anorexie mentale). D’autres peuvent manger une grande quantité de nourriture en peu de temps et se faire ensuite vomir, prendre des laxatifs ou faire beaucoup de sport pour compenser (boulimie) ou trop manger la plupart du temps sans adopter ensuite de comportements compensatoires (hyperphagie boulimique). Ces personnes peuvent faire beaucoup d’efforts pour cacher leur trouble et peuvent être constamment au régime, trouver des excuses pour ne pas manger, éviter les situations sociales qui impliquent un repas ou s’entrainer de façon excessive, par exemple. Elles peuvent passer beaucoup de temps à s’inquiéter à propos de leur image corporelle et se sentir déprimées, anxieuses ou irritables.

Troubles de la personnalité

Les personnes qui ont un trouble de la personnalité présentent des traits de personnalité que l’on pourrait qualifier de « rigides » qui entrainent des difficultés à fonctionner (notamment sur le plan interpersonnel) et de la souffrance chez la personne concernée et son entourage. Il existe différents types de troubles de la personnalité (ex.: antisociale, schizoide, narcissique, limite), qui se distinguent par les traits de personnalité dominants. Par exemple, les personnes qui présentent un trouble de la personnalité limite ont souvent de la difficulté à gérer leurs émotions et à entretenir des relations satisfaisantes avec les autres. Elles peuvent vivre des changements d’humeur importants, ressentir une peur intense de perdre leurs proches et rechercher une réassurance constante. Elles peuvent avoir des accès de colère soudains, chercher à se faire du mal, se sentir effrayées et avoir l’impression de « perdre le contrôle ». Parfois les personnes disent que c’est un peu comme vivre une vie en « montagnes russes », mais sans le côté amusant. Leurs comportements ne sont souvent pas compris et sont souvent causés par un grand sentiment de peur, de solitude et de désespoir.

TU VEUX EN SAVOIR PLUS ?

Tu peux trouver davantage d’informations sur les principaux troubles sur les sites internet du Gouvernement du Québec et de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas.

« Ma mère fait souvent semblant de manger des morceaux de sa nourriture mais elle en donne à mon petit frère discrètement. Elle déteste qu’on lui demande si elle a mangé. Le truc c’est qu’elle est déjà tellement maigre. Elle ne se voit pas comme elle est réellement. »

Kim, 12 ans

« Ma mère peut être vraiment triste et en colère parfois. Je me souviens très bien de certains jours où je rentrais de l’école et je me demandais en marchant comment j’allais trouver ma mère. Certains jours on s’entend vraiment bien – comme des meilleures amies. Et d’autres fois, c’est comme si je ne faisais rien de bien. Elle est en colère contre moi pour n’importe quelle raison. Dans ces moments-là, je sais qu’elle peut avoir tendance à consommer et à se faire du mal. »

Marie-Ève, 15 ans